
Paris, 25 mars 2025 ( CAPnews) – En choisissant de présenter la candidature de Firmin Edouard Matoko à quelques jours de la clôture des dépôts, la République du Congo a créé la surprise, notamment au Caire, où le président Abdel Fattah al-Sissi croyait pouvoir compter sur le soutien de Brazzaville.
Une course soudainement relancée
Khalid El-Enany, égyptologue de 51 ans et ancien ministre du Tourisme et des Antiquités, menait depuis près de deux ans une campagne pour succéder à Audrey Azoulay à la tête de l’Unesco. Après le retrait du candidat gabonais Noël Nelson Messone en janvier, il se retrouvait seul en lice, jusqu’à l’émergence inattendue, le 13 mars, de deux nouvelles candidatures : celle de la Mexicaine Gabriela Ramos, experte reconnue en politiques de genre, et celle du Congolais Firmin Edouard Matoko, haut fonctionnaire de l’organisation depuis plus de trente ans.
Si la candidature de Gabriela Ramos, portée par le groupe Amérique latine et Caraïbes, ne suscite guère d’opposition, celle de Firmin Edouard Matoko, présentée officiellement par le groupe Afrique, jette le trouble. En effet, Khalid El-Enany, bien que représentant des États arabes, revendique depuis février 2024 le soutien de l’Union africaine (UA) et de plusieurs pays du continent. Une situation qui laisse perplexe au Caire, où l’on pensait avoir consolidé sa position après avoir convaincu le Gabon de retirer sa candidature.
Un malentendu diplomatique ?
La visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel Aty, à Brazzaville le 9 mars semblait pourtant avoir scellé une alliance. Porteur d’un message d’al-Sissi à Denis Sassou Nguesso, il avait fait publier un communiqué triomphant annonçant le « ralliement de la République du Congo » à la candidature égyptienne. Pourtant, dans le même temps, la présidente du Conseil exécutif de l’Unesco recevait une lettre du ministre congolais Jean-Claude Gakosso officialisant la candidature de Matoko, datée du 6 mars.
Les manœuvres de Denis Sassou Nguesso
Proche d’Audrey Azoulay, dont il fut le conseiller spécial pour l’Afrique en 2023, Firmin Edouard Matoko nourrissait depuis janvier 2024 l’ambition de lui succéder. Après plusieurs rencontres avec le président congolais, sa candidature fut finalement entérinée, et il accompagna même la délégation nationale au 38e sommet de l’UA en février. Une stratégie qui rend d’autant plus incompréhensible la certitude affichée par l’Égypte dans son communiqué du 10 mars.
Désormais, Denis Sassou Nguesso mobilise ses réseaux, notamment au sein de l’UA, pour contester le soutien accordé à l’Égypte. Selon des sources diplomatiques, cette décision aurait été prise hâtivement, sous l’influence d’un comité alors présidé par un Somalien, dans un contexte de rapprochement entre l’Égypte et la Somalie face à l’Éthiopie.
La France, qui parraine Khalid El-Enany depuis novembre, pourrait également revoir sa position. La question sera sans doute abordée lors de la visite officielle de Sassou Nguesso à Emmanuel Macron début avril.
Le 9 avril, les trois candidats seront auditionnés par le Conseil exécutif de l’Unesco, marquant le début d’une campagne qui s’achèvera en novembre. Entre manœuvres diplomatiques et rivalités régionales, cette élection s’annonce des plus disputées.