
Jake Fiury, le break danseur le plus connu du Cameroun, mai 2023 (Daniele Stéphanie Mengue)
Yaoundé, 24 mai 2023 (CAPnews) – Le break danseur Jake Fiury de son vrai nom Gérard Parfait Feukeu, nourrit depuis 2019 le rêve de décrocher une médaille d’or aux Jeux Olympiques Paris 2024. À 32 ans, le jeune camerounais travaille avec abnégation chaque jour pour se maintenir au top de la compétition. Il aime la compétition et le break dance représente toute sa vie. Sur le plan national, le danseur camerounais est plusieurs fois monté sur le podium et a remporté des titres de champion à l’occasion de plusieurs challenges. Son premier trophée date de 2015 et c’est visiblement à ce moment qu’il a décidé de faire carrière dans le break dance. C’est à 14 ans, élève en classe de troisième à Douala que Jake Fiury s’éprend de la danse.
Le break dance représente quoi pour vous ?
Le break dance c’est ma vie parce que je vis de cette danse tous les jours. Entre compétition, pièces de création, cours de danse, je respire le break dance. Le break dance c’est ma vie de tous les jours en tant qu’activité et en tant que style de vie.
À quel âge avez-vous commencez à danser et qui était vôtre modèle ?
J’ai commencé à danser 14 ans et j’étais en classe de 3ème. Je découvre le break dance grâce à l’artiste Chris Brown dans le dans le clip Ron it. C’est là que le déclic se fait et je dis je veux danser comme lui. Je regardais ses chorégraphies chaque fois que j’avais la possibilité et j’apprenais les pas de danse.
Quand est-ce que vous avez senti que le break dance c’est votre passion et que vous voulez faire une carrière de danseur ?
J’ai décidé que le break dance allait faire partie intégrante de ma vie en 2015. Et c’est à ce moment que j’ai pensé à ouvrir plus tard une académie de danse étant donné que pour moi c’est un moyen d’expression et de communication. Je n’avais jamais ressenti autant de passion par le passé dans ma vie d’étudiant que lorsque je danse.
Quelle était la réaction de vos proches quand vous leur avez dit que vous allez faire une carrière danseur ?
Ça n’a pas du tout été facile. Dans ma famille par exemple on se demandait si je devenais fou, si j’avais perdu la raison. Et puis vous savez aussi que le break dance a été longtemps considéré comme une danse de marginaux, une danse de rue. Aujourd’hui le fait que le Comité Olympique décide d’ajouter le break dance comme discipline olympique je trouve mes arguments. Peut-être qu’aujourd’hui ma famille va me comprendre. Ma sœur ainée est la seule qui croit en moi comme danseur.
Est-ce que vous réussissez à vivre du break dance comme profession ?
Aujourd’hui, je n’arrive pas encore à vivre du break dance. Je vais dire que je suis à 25 pourcents. Donc c’est très compliqué. Je suis obligé de faire plusieurs autres petits boulots pour arrondir les fins de mois. Disons que je peux payer mes factures, m’occuper de moi et de ma famille sans extras.
Vous souhaitez ressembler à qui en tant que danseur ?
« Honnêtement je ne souhaite pas ressembler à un danseur précis. Je souhaite me construire, créer mon identité de danseur. Je souhaite être authentique aux yeux du public. Oui c’est pour cette raison que je travaille tous les jours. Je m’inspire de plusieurs danseurs avec des styles différents ».
Quand le Comité olympique a décidé de faire du break dance une discipline olympique quelle était votre réaction ?
Quand le comité olympique a décidé de faire du break dance une discipline olympique ma réaction C’était waouh !!!! médaillé d’or ? On peut rêver hein on commence à travailler là. J’étais carrément dans les nuages. Le rêve devient peu à peu réalité.
Quelle est votre stratégie pour participer aux Jeux Olympique Paris 2024 ?
Pour me qualifier aux Jeux Olympique je dois travailler tous les jours. Pour avoir ma chance, je travaille dans la profondeur, c’est-à-dire dans la précision, la musicalité, l’exécution. Je dois être encore plus exigeant que ce que j’étais avant. Je dois faire plus d’efforts. Au niveau de la nutrition je ne dois plus manger trop gras ou trop sucré.
Quel est votre objectif et bien entendu vos chances si vous réussissez à vous qualifier à ce grand rendez-vous sportif ?
Si mon équipe et moi parvenons à nous qualifier, l’objectif c’est le podium. Et c’est la même motivation que je vais transmettre à mes coéquipiers. Nous avons une infime chance d’y arriver parce que le break dance africain est un peu en retard du fait de plusieurs absences de compétitions. On a ce petit manque d’expérience.
Comment vous faites pour intégrer la culture camerounaise dans le break dance ?
Notre originalité au Cameroun réside dans nos danses patrimoniales. Dans le break dance nous ajoutons du makossa, du bikutsi, du Mbole et d’autres danses du terroir pour éviter d’être carré ou monotone. La construction d’une danse c’est l’histoire de son environnement, l’histoire de ses racines et c’est la vision que l’on porte à la danse.
Comment vous vous projetez dans les 5 prochaines années en tant que danseur professionnel ?
Je me vois champion d’Afrique puisque je suis déjà champion du Cameroun, je pense à créer mon académie de danse spécialisée dans le break dance et peut être devenir coach national dans la discipline.
Qu’est-ce qu’il manque au break dance pour devenir un véritable métier ?
J’attends déjà des institutions qu’elles nous facilitent les déplacements lorsque nous sommes appelés à participer à des compétitions hors du pays. Je souhaite également qu’il y ait un meilleur accompagnement des athlètes parce que nous sommes désormais appelés à participer à des grandes compétitions comme les Jeux Olympiques l’année prochaine ou un peu plus tard.
