
Le président élu de la Fecavolley Bello Bourdanne, 09 mai 2023 (CAPnews-Baba Wamé)
Yaoundé, 11 mai 2023 (CAPnews) – Au cœur des débats médiatiques depuis son élection à la tête de la Fédération Camerounaise de Volleyball (Fecavolley), Bello Bourdanne est l’archétype du travailleur discret. Aussi tenace que taciturne, cet analyste financier de profession et chef de plusieurs entreprises laisse rarement indifférents ses interlocuteurs. Le nouveau président de la Fecavolley est un sphinx. Il est tout à la fois et surtout un subtil mélange entre d’une part, la force et la ténacité et, d’autre part l’intelligence, la prudence et la réflexion. Ancien joueur et promoteur d’équipes, c’est un passionné de volleyball. Il présente un impressionnant pedigree comme administrateur de la Fecavolley : 8 ans Secrétaire Général, 2 ans Président de la Ligue du Littoral, 4 ans, 3ème vice-président, 10 ans comme1er vice-président de la Fédération, et depuis le 20 janvier, président de la Fédération.
Bello Bourdanne, toutes nos félicitations. Vous avez été élu à l’unanimité le 20 janvier 2023, Président de la Fédération Camerounaise de Volleyball (Fecavolley). Quelles ont été les recettes de votre succès ?
Merci. Parler de recettes de succès est pour moi un peu égoïste. Ma victoire est celle de tous les volleyeurs et volleyeuses. Je n’ai été que le porte parole de tous les amoureux de volleyball qui ont épousé mon projet électif. Nous avons fait un état des lieux, proposer les voies et moyens pour redynamiser notre discipline sur le plan National. La valeur ajoutée de ce succès est indéniablement notre démarche républicaine, respectueuse de l’Etat de droit.
Votre élection a été vécue comme une délivrance par la grande famille du Volleyball camerounais. A votre avis, souffrait-elle tant sous l’ancienne magistère ?
Nous avons certes eu des succès sportifs sur le plan international. Ces succès sont le fruit du travail abattu par l’Exécutif Timba Majoré dans la formation et l’encadrement des athlètes arrivés à maturité. J’ai été depuis 2008 membre de cet exécutif, malheureusement après mon élection en tant que 1er vice-président, je n’ai pas pu véritablement mettre le pied à l’étrier durant ces 10 dernières années. Lors de cette décennie, au plan National, de graves disparités ont émergé dans la pratique du volleyball. Sa pratique relevait d’un privilège. Huit régions sur les dix que comptent notre pays étaient devenues des zones blanches du volleyball. Dès lors notre mission de participer à une mission de service public était biaisé, inégale, dangereuse et clivante. Le volleyball se pratiquait à Yaoundé et dans une moindre mesure à Douala avec grand tapage médiatique alors que l’arrière pays n’avait que les images audiovisuelles pour lot de consolation. Sur un autre plan, les équipes jouaient très peu. A peine 6 à 10 matchs par saison par équipe. Comment pouvons nous avoir être compétitifs lors des compétitions interclubs au niveau continental lorsqu’on sait qu’il faut en moyenne 35 matchs joués pour prétendre avoir une bonne préparation. Pour me résumer, les succès sportifs de nos équipes nationales et leur traitement médiatique ont été pendant longtemps l’arbre qui cachait la forêt.
Avez-vous fait un audit de la Fecavolley avant votre prise de fonction ?
L’Assemblée Générale Extraordinaire du 04 janvier 2023 a prescrit un audit des Comptes de la Fédération de ces 10 dernières années. Cet audit sera fait en temps opportun.
A peine élu, le Cameroun décroche l’organisation de la 21ème édition du Championnat d’Afrique des Nations de volleyball dames. Quels ont été les arguments que vous avez fait valoir pour convaincre la haute hiérarchie de la Confédération Africaine de Volleyball (CAVB) ?
Je remercie déjà la Confédération Africaine de Volleyball, de la confiance placée en ma modeste personne pour l’organisation de la 21ème édition du championnat d’Afrique des Nations, quelques semaines seulement après mon élection. Les arguments ont été nombreux et variés. Le Cameroun est triple vainqueur consécutif de la compétition, l’image de notre pays, terre d’accueil par excellence, doté d’infrastructures sportives et hôtelières appropriées et habitué dans l’organisation desdites compétitions. L’organisation de cette compétition concrétise en interne la nouvelle dynamique que nous voulons impulser, notamment la vulgarisation et la promotion du volleyball sur toute l’étendue du territoire, développer le volleyball corpo, et faire du volleyball un levier pour le vivre ensemble.
Le Cameroun accueille du 06 au 18 août 2023 les meilleures sélections dames d’Afrique dans un contexte particulier. Quatre de joueuses majeures de l’Equipe Nationale avaient manifesté leur désir de ne plus porter le maillot national. Pensez-vous pouvoir les faire changer de décision ?
Lors de la Cérémonie d’installation du Comité local d’Organisation, le ministre des Sports et de l’Éducation Physique (Minsep) a prôné l’union sacrée autour de notre sélection nationale, et a lancé un appel solennel à toutes celles qui encore en activité et performantes, mais qui pour diverses raisons ont décidé de ne plus porter le maillot. Nous sommes dans cette logique. Le Minsep, la Fecavolley et le comité local d’organisation sont à pied d’œuvre pour que le Cameroun ait la meilleure sélection possible durant cette compétition.
Le Cameroun est triple tenant du titre africain de volleyball dames. Que représenterait pour vous une quatrième couronne consécutive ?
Déjà une qualification directe pour les Jeux Olympiques « Paris 2024 », ensuite une continuité dans l’excellence après notre prestation médiocre aux derniers Championnats du monde, et enfin pour le nouvel exécutif, un élément motivateur pour la poursuite de nos objectifs afin que les transitions générationnelles n’aient aucun impact sur nos résultats sportifs.
Les sélections nationales du Cameroun tant chez les Messieurs et que chez les Dames sont une référence en Afrique. A l’inverse, les clubs camerounais piétinent dans les compétitions interclubs continentales. Comment expliquer ce décalage ?
Je l’ai dit plus haut, pour atteindre la performance il faut beaucoup jouer. Vous conviendrez avec moi qu’avec à peine 10 matchs par saison, vous ne pouvez prétendre à un résultat conséquent. Notre défi est que nos équipes avant d’aller en compétition internationale aient disputée chacune 35 à 45 matchs à haute intensité. Cette année, nous avons commencé certes tardivement, mais nos équipes ont pu faire suffisamment des matches. Nous avons déjà enregistré au niveau national plus de 300 matches et au niveau Régional plus de 600.
L’un des objectifs que vous vous êtes assignés lors de la campagne électorale est de redynamiser les compétitions nationales. Où en êtes-vous depuis que vous à la tête de la Fecavolley ?
Depuis le mois de février, nous assistons à une renaissance du volleyball dans les arrondissements, les départements et les régions du pays. Je dois préciser que dans nos statuts ces différentes ligues jouissent d’une autonomie de fonctionnement. C’est dire que la mobilisation est effective dans la grande famille du volleyball avec l’implication de tous les acteurs sur le territoire national. La programmation des matches du championnat d’élite dans tous les quatre coins du pays est un soutien fort de l’exécutif fédéral vers les ligues dans la poursuite de nos objectifs communs de promotion et de vulgarisation de notre discipline. En moins de quatre mois d’activités le volleyball camerounais en terme de matchs joués a atteint un niveau jamais atteint en 10 ans cumulé.
Quels sont vos chantiers prioritaires pour ce mandat qui ne va durer que deux ans, de 2022 à 2024 ?
Reconcilier la grande famille du volleyball. Asseoir les bases d’une Fédération forte par ses textes et non par ses hommes. Assurer la formation des formateurs. Elaborer une politique de développement du volleyeur et de la volleyeuse. Uniformiser les programmes et méthodes d’entraînement et en assurer le suivi. Elaborer une base des données des écoles de volleyball et en assurer le suivi. Faire bénéficier à toute la grande famille du volleyball des retombées financières du volleyball camerounais.

L’homme qu’il fallait à la place qu’il faut, nous sortons d’une léthargie sportive. Vive la réconciliation, vive le Président Bello